La 13ème rencontre internationale de la MMF se tient à Ankara, en Turquie, depuis le 7 octobre. Voici un résumé de ce qui s’est passé ces derniers jours :
8 octobre
Le dimanche 8 octobre, des délégateurs de toutes les régions de la MMF ont participé à un moment d’hommage spécial à la mémoire de Nalu Faria. C’est avec une grande tristesse que nous avons reçu la nouvelle, le vendredi 6 octobre 2023, de la mort de notre chère camarade, militante et dirigeante infatigable. Lisez la note de la MMF des Amériques ici.
9 octobre
À la suite de l’ouverture de la 13e rencontre internationale de la Marche mondiale des femmes (MMF), les travaux de l’avant-midi ont débuté par une mystique présentée par la région de l’Asie et de l’Océanie qui nous a transporté à travers les différents éléments. La rencontre s’est poursuivie par la présentation de la coordination nationale hôte et de nos différents partenaires financiers. La parole fut alors donnée à La Via Campesina, les Ami.e.s de la Terre, Why Hunger, Grassroot Global Justice et FIAN. Ces organisations ont souligné l’importance de leur partenariat avec notre mouvement en raison de la nécessité d’une analyse féministe populaire que permet la MMF. Il a beaucoup été question d’alliance lors la journée avec ce discours qui rappelle l’importance de continuer à lutter ensemble puisque c’est ainsi que l’on peut rêver, créer et résister!
La seconde mystique a été animée par la région des Amériques où les déléguées ont abordé 4 axes: l’articulation, la communication, la formation et la mobilisation. Le cœur de l’après-midi a été consacré à la mise en commun des conjonctures des 5 grandes régions de la MMF. Pendant les échanges, on pouvait remarquer des éléments de conjoncture similaires tels que la montée de la droite, la violence des entreprises transnationales sur nos corps et nos territoires ou même les impacts désastreux de la crise climatique.
Il est également ressorti des faits inquiétants tels que le fondamentalisme religieux et la militarisation. À plusieurs reprises durant la rencontre nous avons réitéré notre solidarité envers le peuple palestinien en scandant ‘’Free free Palestine!’’ Simultanément, nous avons animé une table ronde avec quatre avocates de différents pays du monde qui ont parlé du statut juridique des droits des femmes dans leur pays et des défis auxquels le féminisme est confronté dans un contexte juridique.
La journée s’est conclue par du travail en équipe où les déléguées se sont divisées en 3 groupes selon leur langue afin d’identifier pour le prochain plan d’action du mouvement les défis, les stratégies et les perspectives.
10 octobre
Nous avons commencé la rencontre par une minute de silence en lien avec la tragédie survenue le même jour en 2015, à Ankara. En plus des blessées, 109 personnes sont décédées lors d’une explosion visant les manifestant.e.s qui luttaient pour la paix et la démilitarisation. L’Afrique a ouvert la rencontre par une mystique colorée et énergisante à la fin de laquelle nous avons toutes été invitées à danser.
Avant d’entamer les travaux de réflexion sur la 6e action mondiale, c’est-à-dire celle qui se déroulera en 2025, la coordonnatrice (Yildiz) a dressé un bref historique des actions mondiales depuis le début. Pour la prochaine grande action, 4 grands axes ont été proposés par le comité international. Il s’agit de: Défendre les biens communs contre les sociétés transnationales, Paix et démilitarisation, Économie féministe basée sur la durabilité de la vie et la souveraineté alimentaire et Autonomie sur notre corps et notre sexualité.
Nous nous sommes ensuite divisés en 5 groupes de travail par région pour réfléchir et proposer des thèmes et des objectifs politiques pour l’Action 6, qui ont ensuite été résumés et partagés avec l’ensemble du groupe. Les propositions qui ont émergé portaient sur des questions telles que la justice climatique, la fin de la violence à l’égard des femmes, le travail pour une économie féministe, les questions de migration et de déplacement, la défense de la souveraineté territoriale contre les forces capitalistes et impériales, et la paix et la démilitarisation.
Par ailleurs, l’après-midi a débuté par une Mystica de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) détaillant les problèmes rencontrés par les femmes vivant dans cette partie du monde, tels que les catastrophes naturelles, l’impérialisme, la violence à l’égard des femmes (en particulier les taux élevés de féminicides), la violence politique, et nous avons entendu des témoignages extrêmement émouvants de victimes de fondamentalismes religieux.
Enfin, nous avons ensuite assisté à une présentation du Secrétariat international comprenant le rapport d’activité, le rapport de communication et le rapport financier. Ces rapports aident les participants à comprendre le rôle et les activités du Secrétariat et leur donnent l’occasion de poser des questions. Nous avons terminé la journée en poursuivant notre discussion du matin sur notre 6ème action internationale et avons discuté de détails plus concrets, tels que les dates et les slogans. À la fin de la journée, nous sommes parvenus à un consensus sur la tenue de l’action internationale 2025 du 8 mars au 17 octobre, comme d’habitude. Ces décisions constituent une avancée significative dans la planification de notre 6e action internationale et nous continuerons à développer ce plan dans les prochains jours de la réunion ainsi que dans les années à venir jusqu’en 2025.
11 octobre
Le 11 octobre, c’est l’Europe qui a ouvert la rencontre par une mystique lors de laquelle nos sœurs nous ont présentées des statistiques accablantes sur les injustices qui concernent les femmes avant de chanter des chansons féministes. Par la suite, nous avons continué les débats entamés la veille au sujet du thème de la 6e action mondiale. Le slogan n’a pas été défini à la fin de la journée, mais les échanges ont permis un espace de renforcement politique nécessaire. Nous avons tout de même été en mesure d’établir certains consensus: Nous sommes contre les différentes formes de guerres. Nous sommes contre le système capitaliste, ce système d’oppression qui exploite le travail des femmes et la nature pour permettre l’accumulation des profits dans quelques mains seulement. En réponse, nous défendons les différents types de souverainetés, pour inclure le territoire, sur nos corps, pour nos peuples.
Par la suite, nous avons repris le travail en atelier afin de discuter de notre mouvement, sa trajectoire, son fonctionnement et établir des propositions stratégiques d’amélioration avant de revenir en plénière. La seconde mystique a été présentée par nos sœurs de la Turquie. Elles nous ont offert une performance d’une danse traditionnelle turque mais encore régionale, le Halay. C’est une danse qui rassemble symboliquement et physiquement en se tenant par la main. Nous nous sommes jointes à elles, l’image d’alliance était très forte. Les discussions se sont poursuivies sur les propositions de planification financière stratégique et de modification aux statuts et règlements dont l’objectif principal était d’harmoniser nos documents avec nos pratiques. Nous avons profité de l’opportunité de ces discussions pour aborder la représentativité des régions au Comité international afin d’élargir le nombre de déléguées pour s’adapter à certaines réalités régionales. À la fin de la journée, nous nous sommes réunies pour un souper festif, les moments de fêtes représentent une section importante dans la lutte!
12 octobre
La dernière rencontre d’assemblée a débuté par une mystique lors de laquelle nous avons souligné le 12 octobre qui représente la journée de résistance pour les peuples autochtones. Bien que cette journée soit particulièrement soulignée en Amérique Latine, la mystique invitait à prendre un temps de reconnaissance envers tous les peuples autochtones à travers le monde qui sont en première ligne dans la défense des territoires et de la biodiversité. La seconde mystique a été présentée par les régions MENA et d’Afrique pour vivre un moment de réaffirmation des solidarités en musique et en chant.
Durant la journée, nous nous sommes réunies par région pour établir nos perspectives en vue de la prochaine grande action mondiale. Une fois en plénière, les dates historiques ont été reprises afin de proposer le lancement de cette 6e action le 8 mars 2025 et une grande action de clôture le 17 octobre de la même année à la journée internationale de luttes contre la pauvreté. Ceci, sans négliger la volonté de se mobiliser pour le 24 avril lors de la journée de solidarité féministe qui vise la lutte aux entreprises transnationales. De plus, nous avons nommé à plusieurs reprises le désir d’organiser une activité le 18 février pour la journée mondiale de solidarité avec les femmes Sahraouies. Parallèlement, il a été rappelé qu’en 2025 se tiendra un forum important sur la souveraineté alimentaire. Nous aurons à réfléchir à la manière dont nous souhaitons insérer cet évènement à notre agenda considérant que c’est une revendication féministe portée par la Marche mondiale des femmes (MMF). Vers la fin de la journée, nous avons procédé à la création du nouveau comité international. Ensuite, nous avons échangé sur le contenu de la déclaration finale de cette 13e rencontre internationale. La présentation des membres tout comme la déclaration finale vous seront bientôt présentées. Avant de conclure, la Tunisie a mentionné son intérêt à accueillir la prochaine rencontre internationale de la MMF qui est à prévoir en 2026. Suivez-nos prochaines communications pour les détails à venir.
So-so-so, solidarité, avec les femmes du monde entier!
Sur Capire, nous publions les dernières semaines des articles qui parlent des histoires, des mémoires et de accumulations des luttes de la MMF pendant les années, récupérant les processus, les réflexions et les mobilisations qui ont marqué l’organisation.
Pour en savoir plus, lisez notre édition spéciale du bulletin
.