Du 17 octobre 2020 au 6 mars 2021, les compagnes de la MMF au Pays Basque sont engagées dans la construction de la 5ème Action Internationale dans leur région. L’action, qui est toujours en cours, est pleine de débats politiques sur le système capitaliste, patriarcal et raciste qui construit des murs entre les peuples et des ponts que seuls certains peuvent franchir.
Au sujet de l’action, nous avons parlé à Luciana [surnom], de la MMF au Pays Basque, pour qu’elle nous en dise un peu plus sur l’action et ses objectifs.
1) por que habéis decidido hacer esa acción, con esa duració1) Pourquoi avez-vous décidé de réaliser cette action, avec cette durée d’octobre à mars, et avec ces débats?
Nous avons décidé de réaliser la cinquième action de la MMF à partir du 17 octobre 2020, au moment exact où l’action au niveau international s’est terminée, car il était presque impossible de se mobiliser en 2020 en raison de la pandémie. Le groupe dynamique de la Marche au Pays basque, puis l’assemblée ouverte, ont donc décidé de continuer avec ce processus. C’est pourquoi nous avons commencé le 17 octobre et l’avons prolongé jusqu’au 6 mars de cette année. Pour nous, il est important de mener à bien ce processus, car ce sont des questions que le mouvement féministe doit prendre en compte et intégrer dans son programme politique. Il n’est pas possible que dans le mouvement féministe nous n’ayons pas une lecture critique de ce qui se passe en Europe, avec les frontières et avec les migrations.
2) Quels sont les objectifs de l’action?
Les objectifs que nous nous sommes fixées dans cette cinquième action sont de rendre visible, de dénoncer les politiques de migration et de frontières comme des politiques de migration racistes. Nous voulons également dénoncer le pouvoir des sociétés transnationales. Nous comprenons à la fois les politiques frontalières et le pouvoir des entreprises comme des outils du système hétéro-patriarcal, raciste, capitaliste et colonial. Nous voulons également inviter les féministes des différents collectifs ou les peuples d’Euskal Herria à identifier les privilèges sur lesquels repose le bien-être de l’Europe. Et les responsabilités que nous avons ici à propos de cette logique. Nous voulons essayer d’ouvrir des fissures dans ce système en proposant des alternatives à la fois personnelles et collectives.
3) Quelles sont / seront les actions qui composent cette grande action ? J’ai vu sur votre page que vous faites des formations politiques, jusqu’au 17 février…
Pour la MMF du Pays Basque, l’accent que nous avons mis sur le contenu politique a été très important au cours de cette action. Dans ce sens, nous avons préparé un dossier avec le contenu politique de la 5ème action. Des groupes de migrants, de femmes migrantes et de personnes racisées au Pays Basque ont participé à l’élaboration de ce dossier. C’est un document qui, selon nous, contribuera aux objectifs que nous nous sommes fixés en tant que MMF ici. En outre, pour compléter et approfondir la réflexion sur les frontières, sur le racisme, sur les transnationales, nous avons également prévu trois formations en ligne. La première a eu lieu le 13 janvier et portait sur les frontières politiques et les politiques de migration. La deuxième a eu lieu le 3 février et nous avons travaillé sur la question du pouvoir des sociétés transnationales. La dernière formation a eu lieu le 17 février et portait sur le racisme.
Nous devons souligner que celles qui participent à ces formations, à ces discussions, sont des personnes qui ont été actives dans le mouvement social. Ce sont des compagnes féministes, syndicalistes, qui ont participé à des collectifs de manière associative et ce sont elles qui développent tous ces contenus.
4) Quel est l’objectif de l’utilisation des foulards ? Quel est leur rapport avec la création de ponts entre les peuples ?
Le symbole que nous utilisons dans cette 5ème action sont les foulards et les ponts. En ce qui concerne les ponts, je pense que nous avons complexifié le sens qu’ils ont, en fonction de qui les traverse. Ainsi, nous avons des ponts qui servent à relier les peuples, mais nous avons aussi des ponts que le capitalisme a construit et qui ne servent qu’à transporter des marchandises. Nous avons des ponts que seuls les corps blancs peuvent traverser, alors que pour d’autres personnes, les personnes non blanches, ces ponts deviennent des scénarios de violence – surtout lorsque des personnes, dans ce cas, des personnes qui migrent, perdent la vie..
Les ponts qui servaient autrefois à relier les gens sont devenus de véritables pont-murs. Et c’est là que nous allons utiliser symboliquement les foulards. Chaque collectif féministe dans chaque ville écrira un engagement sur les foulards. Une action concrète pour fissurer, casser, faire craquer le système capitaliste colonial et hétéro-patriarcal raciste.