Le 18 novembre, la Marche Mondiale des Femmes et le portail Capire, avec le soutien de Via Campesina et du WRM, ont organisé le webinaire « Luttes anti-systémiques pour vivre sans violence ». Une semaine avant la Journée internationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre, l’espace international de réflexion a eu la présence de femmes de divers pays et organisations pour débattre des causes de la violence patriarcale, ainsi que pour partager des expériences de confrontation.
Le débat a été modéré par Ximena González de la MMF Galiza, qui a relié les interventions des sœurs invitées : Sophy Ngalapi, de Tanzanie et membre du Comité International de la MMF, Sonia Vidal, de Via Campesina Galice, Neelam Chaturvedi de l’Inde, de l’Alliance Nationale des Femmes (NAWO) et de l’organisation Sakhi Kendra et Marié Crescence Ngobo du Cameroun, du World Rainforest Movement – WRM.
Sophy Ngalapi a parlé des luttes des femmes africaines pour mettre fin à la violence qui atteint les femmes de tous les âges et qui est normalisée, comme le harcèlement sexuel, les mariages d’enfants et d’autres violations qui affectent particulièrement les régions avec peu de stabilité politique et sociale. « Nous sommes confrontés à une situation où, dans de nombreux pays, les femmes sont abandonnées, les hommes quittent le foyer et les femmes doivent s’occuper de l’éducation des enfants ». Elle a également souligné les problèmes liés au changement climatique et aux crises provoquées par le système capitaliste, « il y a des zones sans eau et les femmes doivent parcourir un long chemin pour aller chercher de l’eau, marcher longtemps et souffrir de ce surmenage ».
Cette situation a également été soulignée par Neelan Chatuverdi, une activiste indienne qui a également insisté sur notre solidarité et notre articulation aux niveaux local et international pour faire face à ces problèmes. « Nous nous organisons dans les villages, dans tout le pays, pour faire face à tant de violence. Les actions locales doivent être reliées à la confrontation mondiale pour arrêter la féminisation de la pauvreté et faire pression sur les organisations internationales et les décideurs ».
Le droit aux biens communs et les dénonciations des différentes crises, économiques, sociales, climatiques et alimentaires ont été des luttes politiques des femmes, comme l’a également souligné Sonia Vidal, de Via Campesina de Galice. « Nous sommes confrontées à une augmentation de la faim et nous réclamons le droit à l’alimentation, nous avons besoin de politiques publiques qui renforcent la souveraineté alimentaire. Lorsque plus de personnes meurent de Covid, nous savons qu’il y a encore plus de personnes qui meurent de faim. La faim est marquée par le sceau du capitalisme, la nourriture ne manque pas, mais il y a un système de profit qui se place au-dessus du droit à l’alimentation ». C’est pourquoi la défense des territoires, des modes de vie et de l’agroécologie contre le pouvoir des entreprises est fondamentale dans la résistance des femmes et des peuples.
La recherche d’une production alternative face aux menaces a été renforcée par Marié Crescence, du Cameroun. La dynamique de non-reconnaissance de la production des femmes et la dépossession vécue sont des moyens de contrôle par le système. « En raison de la thésaurisation, de la pollution, du pillage par les transnationales, les entreprises et le capital privatisent l’eau, dévastent les forêts, proposent des produits contaminés par les pesticides. Nous revendiquons notre droit et notre liberté de vivre et de produire dans nos territoires ».
Au cours du débat en plénière, les militantes ont souligné également l’importance des actions en alliance avec les mouvements de notre camp de résistance anticapitaliste et anti-impérialiste pour arrêter toutes les formes de violence. L’avancée de la marchandisation de la vie impose encore plus la précarité de la vie, qui continue à être soignée par les femmes, même avec l’imposition de l’hétérosexualité et la non-politisation des soins.