Déclaration de la MMF – Solidarité féministe internationale avec le Soudan

Déclaration de la MMF – Solidarité féministe internationale avec le Soudan

Les militantes de la Marche mondiale des femmes suivent avec une grande inquiétude ce qui se passe au Soudan. à la suite des combats et des violences entre les forces militaires et les Forces de soutien rapide, resulatnt un grand nombre de morts parmi les civils Le nombre de victimes devrait être beaucoup plus élevé sur le terrain avec les cadavres éparpillés partout dans les rues, et qui n’ont pas encore été inclus dans les statistiques officielles. La situation est très difficile sur le plan humanitaire compte tenu de l’inflation et la hausse des prix des matières premières alors que les citoyens n’ont plus accès à leurs économies, que le pouvoir d’achat a diminué et que des milliers d’immigrés se dirigent vers d’autres régions à l’intérieur et à l’extérieur du Soudan.

La marche mondiale des femmes suit avec encore plus d’inquiétude l’état de santé dans le pays et l’accès aux soins primaires d’une manière générale. La détérioration des infrastructures et les carences matérielles et logistiques sont criants. En effet, près de 70% des hôpitaux ont été détruit et le reste est menacé de fermeture en raison d’un manque de personnel médical et de fournitures sanitaires. Des coupures d’eau et d’électricité et une réduction dans l’utilisation d’Internet et des téléphones ont été constatées, même les ambulances ont été prises à partie et empêchées de mener leurs missions d’aide et sauvetage des victimes du conflit.

Face aux manquements persistants de l’État à remplir son devoir de protéger les civils et de leurs fournir une aide sanitaire et humanitaire digne, nous condamnons fermement la guerre en cours au Soudan et nous exprimons notre solidarité avec le peuple soudanais.

Nous condamnons également la politique de l’incitation à l’hostilité et à la haine entre les peuples d’un même pays et alimenter les conflits

Compte tenu de tout ce qui précède, la Marche mondiale des femmes:

– Appelle la communauté internationale à intensifier ses efforts pour ramener la paix au Soudan et à adhérer pleinement à la trève en cours.

-la nécessité d’instaurer des couloirs ou corridors humanitaires pour assurer des passages sans danger en zones de conflits et porter secours aux blessés pris au piège des hostilités du conflit armé et permettre l’arrivée de l’assistance humanitaire (denrées alimentaires et fournitures médicales).

-on attire l’attention sur les souffrances et les traumatismes psychologiques infligés par cette guerre aux civils, en particulier aux femmes et aux enfants, et nous appelons toutes les parties à prendre en consideration leurs besoins et leurs droits humains.

– Nous tenons l’État entièrement responsable des crimes de guerre dont les femmes sont victimes, y compris de meurtre, de viol et de déplacement forcé, et nous soulignons la nécessité de respecter les conventions internationales pour protéger les femmes contre les violences sexuelles, la prostitution forcée et toute forme d’abus et de violence.

– Nous exprimons notre soutien total aux mouvements féministes au Soudan qui luttent pour les droits et la dignité des femmes, et nous valorisons leur lutte et toute participation active aux révolutions et aux soulèvements des dictatures au profit d’une démocratie juste au Soudan.

– Nous rappelons le rôle pionnier et essential que jouent les femmes dans l’apaisement des situations conflictuelles et la reconstruction des communautés locales au lors de conflits de tout genre et nous soulignons la nécessité d’assurer leur sécurité physique et psychologique afin de leur permettre de participer à la vie politique et d’accéder à la démocratie au Soudan.

Enfin, nous appelons la communauté internationale, les organisations de défense des droits de l’homme et des femmes et la sociéte civile à soutenir le peuple soudanais dans sa quête de paix, de justice et de stabilité, à garantir le respect des droits de l’homme et à éviter l’ingérence de puissances extérieures qui cherchent à réaliser leurs programmes coloniaux dans toute la région, et dont leur intervention ne fait qu’aggraver la situation.

Vive les luttes des peuples!

Vive les luttes des femmes!

Vous pouvez écouter notre sœur Omayma qui est membre de la MMF Soudan, via ce lien ;

https://youtu.be/9715iF5pi0g

Elle ajoute également que :

Je voulais clarifier l’effet de la guerre spécifiquement sur les femmes au Soudan. La plupart des femmes sont très pauvres et immigrent d’une région à l’autre et travaillent dans le secteur informel dans des conditions de précarité totale. Ils vendent des boissons, des sandwichs ou des mouchoirs en papier sur la route, collectant les frais de la vie quotidienne. Ainsi, cette guerre a rendu la vie plus difficile aux femmes pour gagner leur vie à cause de la rareté des produits à vendre.
En plus de cela, certaines femmes et filles ont été prises en otage pendant des jours sans nourriture ni boisson dans certaines zones qui ont été le théâtre de violents coups de feu. La situation est très mauvaise dans le secteur de la santé après la destruction complète des infrastructures des hôpitaux et des formations sanitaires. Et il y a une statistique qui dit que 25 000 femmes enceintes n’ont pas pu se rendre dans les hôpitaux pour suivre leur accouchement. Il n’y a pas de médicaments et de fournitures de soins de santé de base pour les blessés dans les affrontements.

Les écoles sont fermées et l’enseignement est complètement suspendu. Les banques sont fermées et les femmes qui dépendent de petits prêts pour leur subsistance ne peuvent plus travailler. D’autant plus que les ressources de base et les produits de base ne sont plus disponibles sur le marché, nous connaissons des prix élevés et la croissance du marché noir. Les femmes souffrent également de la dispersion des membres de leur famille, car certaines d’entre elles ont été piégées dans les zones où des affrontements ont eu lieu parce qu’elles y sont allées travailler ou rendre visite à leur famille.

La souffrance psychologique vécue par les femmes est très sévère, surtout avec le niveau élevé de violence et de tuerie. Il y a un traumatisme collectif surtout chez les femmes. La situation en général est très mauvaise et pire pour les femmes qui sont coincées dans leurs maisons ou dans des foyers universitaires ou dans certaines zones isolées sans travail ni revenu mensuel ou quotidien pour se nourrir et boire.