Les soins personnels, une question si importante en ces temps de pandémie, suscite une réflexion profonde sur ce qui entre dans notre bouche, ce avec quoi nous nous nourrissons et renforçons nos systèmes vitaux. Aussi où nous laissons notre argent.
Il y a cinq ans, le marché de solidarité alternative Flor de Luna est né d’un projet solidaire d’économie sociale de l’École Écoféministe Benita Galeana A.C., et depuis lors, il vend des produits frais et sans toxicité dans la ville de Guadalajara, Jalisco, Mexique.
Mercadito Flor de Luna nous inspire à nous organiser collectivement en réseau, entre groupes de femmes et coopératives, pour affronter le système économique capitaliste-patriarcal qui a mis la vie au service du capital.
Nous avons vécu cette expérience depuis que le «mauvais gouvernement» s’est laissé séduire par les transnationales, et nous, les femmes, avons pu nous organiser et participer à différentes initiatives productives et citoyennes pour faire face à la crise économique et environnementale dont nous souffrons encore. Parier sur un projet d’économie sociale et solidaire dans une perspective d’économie féministe a été un défi et une réalisation profonde.
Le marché n’est pas seulement l’achat et la vente mais c’est la systématisation d’un long processus d’expériences collectives, de connaissances et d’apprentissage des groupes, organisations et coopératives de femmes à la recherche d’alternatives pour améliorer notre qualité de vie, celle de nos familles, notre communauté où on fait la relation avec le soin et la défense de la nature.
Le panier solidaire est l’une des initiatives de marketing que nous avons promues au cours de ces cinq années en tant que garde-manger de base de produits non toxiques provenant de coopératives de la région. Nous voulons ajouter de plus en plus de coopératives de producteurs locaux pour éliminer les coyotaje [intermédiaires] et réduire les grandes chaînes de libre-service qui, en tant que médiateurs, monopolisent les profits et affaiblissent le producteur. Nous parions sur le soutien mutuel et la confiance entre producteurs et consommateurs.
Ducange Médor est un consommateur regulier depuis qu’il a appris l’existence du Mercadito par les réseaux sociaux. Chaque mois, il reçoit le panier et il assure que les produits sont de très bonne qualité. En outre, « chaque fois que cela est possible, j’essaie d’acheter aux petits producteurs plutôt qu’aux grandes entreprises agro-industrielles », dit-il.
La solidarité en temps de covid-19
Depuis avril, nous avons lancé la campagne Mercredi Frais comme alternative à la crise sanitaire que nous traversons. Cette situation signifie que chaque semaine, il y aura un redoublement d’efforts entre producteurs et consommateurs pour apporter une contribution à la situation actuelle.
La réponse des consommateurs à cette initiative n’était pas seulement pour leurs soins de santé, mais aussi pour la solidarité avec le marché et les producteurs pour éviter la fermeture partielle ou totale des locaux, car cela impliquerait la perte de revenus pour de nombreuses familles pour subvenir à leurs besoins. Ducange Médor – notre consommateur – remercie les producteurs « d’avoir contribué à notre alimentation. Résistez et ne vous laissez pas emporter par les ‘chants des sirènes’ des transnationales, de l’agrochimie et des entreprises similaires ».
En seulement trois mois, nous avons réussi à apporter chaque semaine plus de douze variétés de nourriture dans le quartier de Santa Tere (zone métropolitaine de Guadalajara): légumes et fruits de San Martín de la Flores, Ciudad Guzmán et Zapopan; tortillas de maïs bio de Temacapulín, village exemplaire qui se bat depuis plus de dix ans pour résister et défendre son territoire.
« Je pense que le Mercredi Frais me convient car il n’y a pas beaucoup de monde, je peux choisir les produits que j’aime et il est plus sûr de venir chaque semaine que chaque mois », a déclaré Irma Patricia, une autre consommatrice de Mercadito qui remercie pour la qualité de la nourriture et le traitement aimable.
Face à la crise sanitaire, nous voyons l’opportunité de renforcer notre créativité et notre organisation pour accroître la participation, la coopération et la solidarité vers le rêve que nous voulons réaliser: des femmes libres dans des territoires libres et autonomes!
Texte de la École des Femmes Défenseures Benita Galeana A.C.
Nous résistons pour vivre, nous marchons pour transformer !
Bulletin de Liaison – Juillet 2020