Le 8 mars symbolise la lutte de plus de 100 ans des femmes politiquement organisées. Depuis le début du XXe siècle, les femmes s’efforcent de construire une journée qui signifierait la vie et les luttes des femmes travailleuses dans le monde entier. Marchant contre la faim et la guerre, les femmes ont dénoncé les inégalités et les conditions de travail, elles ont réclamé une protection sociale pour les mères et les enfants, et ont défendu le suffrage des femmes et le socialisme.
La lutte des femmes est la lutte pour transformer le monde dans lequel nous vivons. Notre féminisme est anticapitaliste, antiraciste, antipatriarcal. Nous construisons notre lutte sur les traces de celles qui ont lutté contre l’esclavage, contre l’exploitation de notre travail, de nos corps, de nos territoires, contre le capitalisme qui transforme nos vies en marchandises, contre les processus de colonisation dans divers territoires.
Nous luttons pour une vie digne : contre la destruction des écosystèmes, le néolibéralisme et toutes les formes de violence, contre la persécution des dirigeants populaires, la criminalisation et le meurtre de la population noire et autochtone. Nous luttons contre la privatisation et pour la responsabilité publique des États en ce qui concerne le droit à une santé de qualité. Le conflit du capital contre la vie s’approfondit et la pandémie de coronavirus en est l’apogée, car elle expose les inégalités inhérentes à un système qui privilégie le profit sur la vie. Partout dans le monde, les femmes soutiennent la vie, en première ligne pour faire face à la maladie, dans la responsabilité de l’alimentation, des soins et de l’organisation de la solidarité dans leurs communautés.
Le 8 mars 2021, les femmes ont uni leurs pratiques et leurs connaissances pour créer de nouvelles expériences de lutte et dénoncer la crise mondiale et les inégalités qui se sont aggravées avec la pandémie de Covid-19. Les femmes de la Marche Mondiale ont mené des actions décentralisées, avec une attention particulière aux soins requis par la pandémie, dans au moins 22 territoires à travers le monde. Découvrez :
MENA
Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les femmes de la MMM se sont articulées pour envoyer un message de lutte et de résistance contre les arrestations politiques, les sanctions et l’occupation. Dans la région, la lutte féministe n’est pas séparée de la lutte pour l’autodétermination des peuples. Le 8 mars, elles ont publié une série de textes d’analyse politique et féministe de la région (disponible en arabe sur : LIEN).
Ruba Odeh, membre de la MMM en Palestine et représentante de la région du MENA au Comité international de la MMM, a enregistré une vidéo exprimant la lutte commune des femmes dans la région.
La vidéo évoque le sentiment de lutte du 8 mars et les problèmes rencontrés par les femmes pendant la pandémie de Covid-19.
Tunisie
En Tunisie, les femmes de la Marche Mondiale des Femmes et d’autres organisations partenaires se sont mobilisées pour célébrer et honorer les services réalisés par les professionnels de la santé pendant la pandémie. Elles se sont opposées à la privatisation des services de santé et ont exigé que 5 % du PIB soit alloué à la fourniture de services de santé gratuits, dignes et de haute qualité pour tous et pour toutes.
Liban
Au Liban, les femmes ont décidé de réaliser des activités uniquement en ligne. Ces activités ont consisté à organiser un webinaire avec Silvia Federici, un webinaire sur l’intersectionnalité, la production de vidéos et d’affiches intitulées « Le jour où nous avons terrorisé le capitalisme » et sur le droit au logement. En outre, les femmes étudiantes organisent un travail sur la construction sociale de la virginité.
Irak
La coordination de la Marche Mondiale des Femmes en Irak a produit une vidéo saluant toutes les femmes du monde, de la région arabe et du Maghreb. « En ce jour, nous renouvelons notre engagement à nous battre, à aller de l’avant, à gagner nos droits et à être solidaires de toutes les questions relatives aux femmes dans le monde. Nos problèmes sont multiples, notre lutte est unique ».
Maroc
Pour marquer cette journée de lutte sous le slogan « Les femmes et les lois sanitaires d’urgence : une année d’oppression, une année de résistance », la coordination de la MMM du Maroc a produit des vidéos de solidarité aux travailleuses des campagnes et des villes du monde entier, aux prisonnières et aux prisonniers politiques en Palestine et partout dans le monde. « Aujourd’hui, nous renouvelons notre détermination et promettons à toutes les femmes de continuer à se battre pour un monde sans discrimination, sans violence, sans persécution. Un monde de dignité humaine pour tous et pour toutes ».
AFRIQUE
Kenya
Au Kenya, les femmes ont fait la lecture de la déclaration internationale de la Marche Mondiale des Femmes pour le 8 mars 2021 lors d’une conférence de presse qui a eu lieu le matin du 7 mars. Tout au long de la semaine, elles ont organisé une école de formation politique (Nyandarua feminist political training). FOTOS NO DRIVE
AMÉRIQUE
Dans les Amériques, les mobilisations dans différents endroits ont placé au centre la durabilité de la vie et la confrontation avec le néolibéralisme, le pouvoir des entreprises et l’autoritarisme. Les femmes ont affirmé la lutte pour une vie sans violence, sans racisme et ont fait preuve de force, d’organisation et de solidarité dans la construction du pouvoir populaire.
Cuba
Les femmes de la Marche Mondiale des Femmes de Cuba ont consacré le 8 mars à la souveraineté alimentaire et à l’économie féministe et solidaire, à travers une rencontre en ligne via WhatsApp avec des compagnes de tout le pays.
Brésil
La Marche Mondiale des Femmes a organisé et participé à plus de 30 actions réparties dans 20 endroits du pays. Une articulation de centaines d’organisations et de collectifs féministes a réalisé le dimanche (07) un acte virtuel unifié dans lequel les femmes ont exigé un vaccin pour toute la population, un revenu d’urgence pendant la pandémie et #MulheresPeloForaBolsonaro (Femmes pour « Dégage Bolsonaro »). Ces revendications ont été synthétisées dans le manifeste Femmes dans la lutte pour la vie.
Mexique
À Mexico, les femmes de la Marche Mondiale et d’autres mouvements féministes ont participé à une action au Monument à la Révolution, à la place Zócalo, intitulée « Nous arrêtons, nous marchons et nous nous organisons ». Avec des interventions sur les murs, elles ont affiché leurs messages contre la violence sexiste, pour le droit de décider, contre la précarité du travail et contre la criminalisation des manifestations féministes.
Chili
Au Chili, le 8 mars, il y a eu à nouveau l’appel à une grève générale féministe, avec des manifestations dès le matin. Des rassemblements et des marches ont été organisées dans tout le pays et, bien que l’on s’attende à une participation plus faible que les années précédentes en raison de la pandémie, près d’un demi-million de femmes sont descendues dans les rues rien que dans la capitale. Il y a eu environ 100 manifestations dans le reste du pays avec des actes de mobilisation de la MMM à Santiago, Concepción et Chiloé. Les manifestations, bien que pacifiques, ont été réprimées par la police. Certains cas font l’objet d’une enquête et les mouvements demandent la dissolution immédiate des Carabiniers.
Venezuela
Le 6 mars, à Caracas, l’action de la Marche Mondiale des Femmes a eu lieu lors de la 69e Foire Agroécologique Conuquera. Des banderoles avec des slogans ont été déployées à la foire et les femmes ont présenté leurs revendications. « Le patriarcat a donné aux hommes le pouvoir d’exercer la violence, et de l’exercer jusqu’à la mort. Mais nous avons l’espoir de surmonter cela avec le socialisme féministe. Nous devons prendre conscience, hommes et femmes, que nous avons un problème en tant que société et qu’il est impossible de fonder ou de refonder un pays dans l’équité et la justice, où nous soyons tous heureux et heureuses et où pourrons vivre en paix, si nous ne dépassons pas le patriarcat. » A déclaré Alejandra Laprea, membre de la MMM.
La veille du 8 mars, le pays a appris l’arrivée de la nouvelle souche brésilienne du virus et le renforcement de la quarantaine ce week-end-là. Malgré cela, les femmes ont suivi ce que l’on a appelé un parcours féministe, qui a commencé à l’Assemblée Nationale et a culminé avec le coup de force politico-culturel « Amiga, date cuenta » (Amie, remarque). « Le processus de transformation du féminisme est lent, mais il se déroule bien. Nous continuons à crier, à nous battre et à nous défendre. Le féminisme est une stratégie populaire », a déclaré une camarade du collectif Tinta Violeta.
Pérou
À Lima, au Pérou, les militantes ont créé une bannière où elles ont repris l’histoire de la construction de la Marche Mondiale des Femmes et ont participé au Festival Culturel #8M, organisé par des syndicats, des collectifs, des mouvements féministes et des travailleurs de la campagne et de la ville, qui a délimité la lutte des femmes travailleuses, l’histoire des luttes du 8 mars, et a exposé la culture produite par des chanteuses, danseuses, femmes artistes du pays.
Macro Nord du Pérou
Un débat en ligne a eu lieu avec des compagnes de différents pays autour des Dialogues Féministes des Territoires en Résistance pour discuter des expériences et des propositions des femmes dans le processus constitutif et dans la construction du pouvoir populaire.
Québec
Pour affirmer les revendications féministes en ce 8 mars 2021, la Coordination Régionale de la Marche Mondiale des Femmes du Québec a organisé une marche qui a commencé à midi devant l’église St-Roch sous le slogan « Écoutons les femmes et agissons ».
Honduras
Les féministes honduriennes sont descendues dans la rue le 8 mars pour dénoncer et réclamer justice pour les femmes, exigeant l’application de la loi contre les agresseurs et les meurtriers. L’acte a réuni des femmes de diverses organisations devant la Direction des Enquêtes de la Police, dénonçant et réclamant justice pour le meurtre politique de la dirigeante écologiste Berta Cáceres survenu en 2016, et en mémoire des près de 300 compagnes assassinées en 2020.
EUROPE
La MMM a participé à des actions coordonnées avec d’autres organisations féministes dans au moins six territoires. Accompagnez :
Pays Basque
Au Pays Basque, le mouvement féministe du 8 mars a eu pour principales revendications et politiques féministes : la dénonciation du pouvoir corporatif des entreprises transnationales et des politiques migratoires racistes et la défense d’un système de soins public et communautaire basque.
Les gouvernements ont une fois de plus donné la priorité au capital en détriment de la santé. Les frontières et les rues sont militarisées, les attaques policières racistes et les abus institutionnels se multiplient, des centaines de personnes risquent d’être licenciées, des milliers de femmes ont dû quitter le marché du travail pour s’occuper des soins, un manque de capacité de décision a été révélé, des gens ont été expulsées des espaces occupés, la violence sexiste n’a pas cessé et la crise a directement affecté les secteurs féminisés, en particulier celui des femmes qui travaillent en situation irrégulière. Par conséquent, agissant avec la responsabilité qui nous correspond, les féministes sont une fois de plus descendues dans les rues et sur les places pour continuer à construire un Pays Basque féministe, anticapitaliste et antiraciste. “Gora borroka feminista!”
En outre, le 6 mars, nos compagnes ont organisé la clôture de la Ve Action Internationale de la Marche Mondiale des Femmes au Pays Basque, avec la devise « Zubi guztien gainetik mugarik ez, transnazionalik ez »(« Pas de limites sur les ponts, pas de transnationales »). La rencontre a eu lieu à la frontière d’Irun et d’Hendaye. Cette frontière représente une limite politique imposée par les États-nations qui renforcent la gestion patriarcale et raciste des territoires. Plus de 60 foulards avec des engagements féministes ont été collectés dans 27 régions du Pays Basque, résultat de réflexions collectives menées dans différentes villes, quartiers, régions et villages du territoire pour briser le système à partir du féminisme antiraciste et anticolonial.
Galice
La MMM fait partie de la plateforme Galegas 8M (http://galegas8m.gal/), qui fonctionne en Galice depuis 4 ans et qui rassemble tous les groupes et femmes possibles dans l’organisation du 8 mars. En raison de la Covid-19, il n’a pas été possible cette année d’organiser une mobilisation nationale comme les années précédentes. Au lieu de cela, il y a eu 34 manifestations dans tout le pays et une grève féministe de 24 heures. L’action conjointe de Galegas 8M a fait appel au besoin de mettre la vie au centre et de démontrer que « sen coidados non hai vida » (sans les soins la vie n’existe pas).
La MMM a également organisé sa propre campagne, qui appelle à une gestion de la crise économique et sanitaire qui n’appauvrisse pas les femmes. « Nous avons mis des affiches et pris des infographies sur nos réseaux sociaux sur la réalité du travail des femmes en Galice », ont-elles déclaré.
Avec cette action, le féminisme galicien a réussi à prendre soin de ses compagnes sans renoncer au féminisme de rue.
Belgique
En Belgique, la Marche Mondiale des Femmes a organisé une mobilisation nationale symbolique pour exiger des dirigeants politiques un virage vers une économie durable dans laquelle la vie, le bien-être collectif, l’égalité effective des droits et le respect de l’environnement priment sur les mécanismes du marché, le productivisme et le profit. Les événements ne pouvaient pas accueillir plus de 100 personnes et ont été donc répartis dans trois quartiers emblématiques de Bruxelles : la Gare Centrale, la gare Schuman et la Place de la Monnaie. Afin d’amplifier encore l’audience, deux webinaires ont été organisés : un en français et un en néerlandais pour la présentation et les débats sur les revendications.
Portugal
La Marche Mondiale des Femmes a participé, avec d’autres collectifs, de la campagne en ligne #SeEuParar (Si j’arrête), sous le slogan de la Grève Féministe « Se as mulheres param, o mundo para » (Si les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête). L’objectif de la campagne est de rassembler des activistes, des collectifs et des organisations féministes diverses pour rendre visible la force de la lutte féministe et le travail des femmes.
À Coimbra, les femmes ont organisé une action symbolique avec des slogans et l’affichage de la lecture du manifeste unifié sur la place.
France
À Saint Brieuc, en Bretagne, la Marche Mondiale des Femmes et d’autres organisations ont participé à une action en place publique. « Qui va faire la vaisselle ? Nous, on fait la révolution ! » et « Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous resterons en marche ! » les affiches disaient. Dans la capitale de Paris, les femmes ont fait un acte féministe pour l’égalité des droits, pour l’éducation et pour la justice.
Suisse
À Neuchâtel, en Suisse, des femmes ont préparé des activités pour les 6, 7 et 8 mars. Une distribution de brochures avec les slogans, les hommages et les revendications des femmes a été réalisée. Avec des craies, elles ont coloré les rues avec des phrases de lutte. Elles ont aussi réalisé une rencontre pour marquer la présence féministe des femmes et, le 8, l’ordre du jour des activités comprenait l’inauguration d’une exposition sur l’égalité, une marche et la lecture de la déclaration politique.
ASIE
Philippines
La réponse des femmes au mauvais gouvernement du président Duterte aux Philippines a eu lieu le matin du 7 mars sur la place Miranda, à Manille. Dans la démonstration de Kapangyarihan ng Kababaihan (le pouvoir des femmes), plus de 150 femmes ont battu des tambours, chantant « Kami ay Peminista, Hindi Terorista » (ci-dessous). L’acte s’est déroulé pacifiquement, mais a été arrêté par la police. Deux personnes du parti Manggagawa ont été légèrement blessées lorsque la police a retiré de force leurs affiches.
Alab ng kababaihan.
Liyab ng kapangyarihan.
Kami ay humihiyaw.
Aming isinisigaw.
Kami ay peminista.
Hindi terorista.
H’wag ipundar, sa militar.
Ang kaban ng bayan para sa mamamayan.
Kaming mga babae.
Laging umaabante.
Edukasyon.
Makababaeng solusyon.
Hamon ng panahon.
Kailangan ng tugon.
Katarungan.
Kabuhayan.
Kapangyarihan
Sa kababaihan.
Ngayon na may pandemya.
Nasaan na ang bakuna?
Sapat na aide pour sa lahat.
Trabahong ligtas.
Bigas at rosas.
Hinding-hindi lunas ang dahas.
Katarungan.
Kabuhayan.
Kapangyarihan.
Sa kababaihan.
#BabaeMakapangyarihan
(Composée par Frances Fuga avec le soutien de Janica Rosales et Jea Robelo pour la Marche Mondiale des Femmes des Philippines, 8 mars 2021)
Pakistan
Au Pakistan, les femmes de la MMM participant à WISE (Women in Struggle for Empowerment) ont mené des activités axées sur la santé des femmes dans différentes communautés. Le jeudi (04) l’action a eu lieu à Badami Bagh, Lahore, à Shahdara, district de Sheikhupura et à Nankana Sahib, avec des séminaires et des débats pour créer de la solidarité entre les femmes en cette période de Covid-19. Une cérémonie a également eu lieu en l’honneur des agentes de santé pendant la pandémie.